LE TOURNANT

un roman par John Francis Kinsella

traduit de l'anglais par Sumpinein

 

INTRODUCTION

 

Après le champagne et les feux d’artifice, les toasts et les bons vœux, la gueule de bois était devenue presque inévitable. Le vingt et unième siècle a pris un mauvais départ avec le dotcom krach. Puis, à peine un an plus tard le monde a tremblé avec les événements du 11 septembre. L'attaque monstrueuse et inattendue sur les tours jumelles à New York. Une tragédie insensée pour tant d’Américains, qui a sauvé George W. Bush d'un destin banal, en l’élevant au rôle de sauveur autoproclamé du Monde Occidental, ou peut-être du monde étroit du Midwest et de ses Bible-puncheurs.

En lançant sa guerre contre la terreur, Bush a galopé, accompagné par son fidèle complice, Tony Blair, vers une autre version du Nouvel Ordre Mondial postsoviétique de Bush le père, où, dans les mots de Winston Churchill : les principes de la justice et du fair play ... protègeront les faibles des forts — ou est-ce que c'était le contraire ?

Le Nouvel Ordre Mondial, largement acclamé, a apporté un certain nombre de surprises inattendues pour ceux qui lui avaient déclaré son soutien. Les néolibéraux avaient gagné la bataille, par la dérégulation, en abandonnant le contrôle par l’état et le protectionnisme, en permettant le monde de suivre son chemin vers le modèle économique et politique prêché par Reagan et Thatcher. Les forces des marchés ont remplacé les gouvernements en déterminant leurs directions économiques, tandis que le monde, et plus précisément la Chine, a découvert que la libéralisation pourrait exister sans démocratisation. La conséquence de ces multiples changements a fait pencher la balance du pouvoir économique inexorablement vers l'Asie.

Sous Bush et Blair, les taux d’intérêt furent coupés et une politique monétaire laxiste fut poursuivie pour compenser la perte de confiance dans le monde économique et la faiblesse des marchés. Ceci s’est traduit par une flambée de crédit et un boom immobilier, signalent le départ d’une course effrénée des banques d’investissement et les institutions financières vers des gains jamais imaginés.

Inconsciemment les dirigeants des nations riches avaient commencé un compte à rebours de ce qui devait se révéler, par son ampleur, le plus grand krach financier de toute l’histoire, dont les conséquences duquel ont conduit à un tournant historique, à savoir une perte énorme dans la richesse relative et le pouvoir économique des nations qui avaient dominé le monde depuis plus d’un siècle, et plus dramatiquement celle de la Grande-Bretagne.

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PROLOGUE

 

Au moment où l’été 2007 touchait à sa fin, de longues files d’épargnants inquiets se formaient devant les agences de la banque Northern Rock au Royaume-Uni, pour retirer leurs économies. Ce qui avait commencé comme une crise momentanée de liquidité a marqué le début d’une longue crise ponctuée une série de convulsions et annonçant un changement charnière, une mutation profonde, qui allait transformer la vie d’innombrables millions de personnes.

Il y avait des gagnants et des perdants. Un des gagnants a été la Chine, le Royaume-Uni un perdant. La Chine semblait prête à revendiquer la part du lion de l'économie mondiale, et le Royaume-Uni, lui, était forcé d’admettre, enfin, que les derniers vestiges de son influence prédominante dans le monde économique et géopolitique, construite pendant plus de deux siècles, avait disparu - à tout jamais.

 Pendant que se jouaient cette tragédie moderne, certains acteurs se sont félicités, peut-être prématurément, d’avoir évité le pire et d’avoir même profité des changements survenus.

 Incités par les encouragements de leaders charismatiques, tels que Bush et Blair, de nombreux hommes déterminés ont saisi la chance que le destin leur offrait soudainement. Michael Fitzwilliams était l’un d’eux, son rêve était celui de transformer sa banque familiale, relativement modeste mais indépendante, en une institution de premier rang dans le monde de la finance et de l’investissement, avec tout naturellement une place bien mérité dans le cœur rempli d’adrénaline du Square Mile, le quartier financier de Londres.

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CHAPITRE I

PRINTEMPS 2007

 

C’était la fin du mois de février quand la première secousse fut ressentie ; le Shanghai Composite Index avait chuté d’un énorme 8,84%. Malgré cet avertissement il se passerait des mois avant que la crise économique naissante est venue à l'attention aux dirigeants politiques du monde. Pendant ce temps, l’hiver passait et les marchés ont récupéraient leur confiance fougueuse. La vie continuait avec le même optimisme sans borne auquel le monde s’était habitué dans la lueur du Nouvel Ordre Mondial de George Bush et le Cool Britannia de Tony Blair.

A la base, les futurs accédants à la propriété ont poursuivirent leur bousculade, attirés par les conditions alléchantes offertes par les prêteurs à travers les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Dans cet empressement à acheter, à s’agrandir, ou à emprunter - même en hypothéquant leur seul et unique bien dont la valeur fut exagérément gonflée par un marché démonté, les citoyens lambda se ruèrent vers la dette. Ils furent pris par une psychose : la peur de rater ce qui semblait être l’occasion unique de leur vie : réaliser leurs rêves de s’enrichir.

Tom Barton, de son bureau dans la City, avait senti le krach venir de loin. Il lui apparaissait aussi visible qu’un bus impérial dévalant Leadenhall Street. Quotidiennement, sa firme de courtage était inondé par un flux de demandes de prêts hypothécaires - beaucoup d’entre eux avec des déclarations manifestement frauduleuses - venant de toute espèce de parieur imaginable dans un course frénétique par peur de rater le coche.

Tous les signaux tournaient au rouge le jour que son chauffeur de taxi vantait les bénéfices qu’il avait faits sur sa modeste maison mitoyenne en banlieue de Londres. Barton se rappelait les paroles du chauffeur, ‘Ecoute mon ami, si un mec à la banque raconte que la baraque que t’as acheté il a y un ou deux ans vaux vingt briques, ça serait un peu mesquins de n’empruntais que trois, je veux dire qu’avec de la thune comme ça tu peux te payer une nouvelle bagnole et amener ta bonne femme et les gosses en vacances quelque part, comme la Coster Braveur, non ?’

Jeunes et vieux, riches et pauvres, valides et invalides, ont foncèrent aveuglément dans la bousculade, risquant de manière démesurés leurs finances fragiles, certains autres dans l'espoir d'un profit facile, achetèrent des biens délabrés, puis, après un coup rapide de rénovation, les revendirent aux primo-accédants qui désespéraient de devenir propriétaire.

Objectivement, deux raisons, d’origines très différentes, ont poussé l’économie mondiale vers cette crise financière sans précédent. Aux Etats-Unis, la cause pouvait être attribuée à des prêts hypothécaires dits sub-prime, et au Royaume-Uni, la démutualisation de ses traditionnelles sociétés de crédit immobilier et d’épargne.

 Au cours des années quatre-vingt-dix, en vertu de la loi de 1986 et de ses dispositions concernant les sociétés de crédit immobilier et d'épargne britanniques, les sociétés de crédit immobilier en Grande-Bretagne furent démutualisées et transformées en banques, ce qui leur a permis de devenir des sociétés anonymes bancaires avec des parts cotées en bourse. Après 2000, ces nouvelles banques, grâce à une politique d'expansion agressive, ont bâti leur entreprise autour des prêts immobiliers et des prêts d'entreprise, tant au Royaume-Uni qu’à l’étranger. En 2001, la Halifax Building Society, numéro un britannique du crédit immobilier, a fusionné avec la Bank of Scotland - une banque de dépôt vieille de trois cents ans - pour former le HBOS.

Durant la même période, aux États-Unis, les prêts hypothécaires sub-prime se sont développés rapidement, tirés par les banques d’investissement avec la titrisation des hypothèques à un moment où les taux d'intérêt étaient très bas en raison de la politique menée par l’administration Bush suite au krach du dotcom et aux évènements du 11 septembre. Les prix des logements ont continué à grimper, atteignant des sommets jamais vue en 2006. Malgré ceci, un très grand nombre d’acheteurs américains, par peur de rater ce qui leur semblait comme une occasion unique, se précipitèrent les yeux fermé pour acquérir la maison de leurs rêves.

Le Président de la Federal Reserve, Alan Greenspan, bien que non seul, fut jugé par beaucoup d’observateurs comme responsable de la crise des sub-primes. Sa faute phénoménale fut d'avoir ouvert les vannes monétaires après la débâcle du dotcom en 2000. De cette manière, il a permis à la bulle immobilière de se développer, celle-ci, aggravée elle-même, par sa politique monétaire et son encouragement à l’octroi des prêts sub-primes. Tout aussi important fut le soutien de Greenspan à la croissance des produits dérivés, y compris la titrisation des hypothèques sub-primes.

 Au Royaume-Uni, tandis que Tony Blair se vautrait sur la scène mondiale singeant son modèle et ami,  George Bush, et créait sa propre version de Cool Britannia : bâtie sur la guerre, le crédit et une politique économique désastreuse, le béat gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervin King, annonçait une croissance économique à 3% et l’inflation à 1,3%, sans la moindre explication quant aux tenants et aboutissants de ces chiffres fortuits.

 Dans une comparaison un peu galvaudée, les Britanniques n’étaient pas différents des passagers du Titanic la nuit du 15 avril 1912. Inconscients du désastre imminent, les riches dansaient et dînaient au Champagne pendant que la troisième classe, bien que profitant d’un luxe inédit en comparaison d’autres bateaux de l’époque, était bien séparée des riches par de solides grilles. Comme le Titanic, la nation naviguait avec insouciance vers le désastre, commandé par un capitaine et ses officiers qui n’avaient pas compris les dangers de la voie périlleuse empruntée.

 La création du secteur financier moderne de la Grande-Bretagne remontait à Margaret Thatcher, l’architecte de la législation qui a transformé l’économie britannique. La Dame de fer a été à la hauteur de son nom : au lieu de chercher un remède pour les industries du charbon, de l’acier et de l’automobile, chroniquement malades, elle les a tout simplement mises à mort. C’était Thatcher qui a initié la déréglementation du secteur des services financiers du pays, ouvrant la City de Londres aux méthodes des banques d’investissement américaines.

Les changements apportés par la Dame de fer ont transformé la City de Londres en capitale financière du monde, où des vastes richesses furent créées, des richesses à long terme s’avérèrent éphémères. De riches étrangers ont affluèrent vers la capitale, encouragés par des lois qui les escomptaient d’impôts sur leurs revenus gagnés en dehors de la Grande-Bretagne: des Américains, des Européens, des Russes, des Indiens et des Moyens Orientaux. Vingt ans après l’introduction de la loi de finances de Madame Thatcher, Londres était devenue la Mecque de la finance internationale, où les banquiers, les traders, les directeurs de fonds d’investissements et les aventuriers de tout poil se mêlés dans la rué vers la richesse.

 Quand la fête est parvenus à son terme, comme cela devait inévitablement arriver, le contribuable britannique s’est vu présenté une facture faramineuse, et le secteur financier entravé s’est vu contraint de vivre de la charité offerte par des fonds publics. Les leaders qui avaient imposé le secteur financier comme locomotive économique de la Grande-Bretagne se sont réveillés pour se retrouver à la tête de la nation la plus endettée du monde, d’un secteur bancaire sinistré, et d’une industrie manufacturière fortement diminuée.

Les gouvernements successifs, poussés par de puissants intérêts financiers avaient cherché des gains à court terme, avaient, consciemment ou inconsciemment, présidé à la désindustrialisation massive de la nation, la délocalisation des emplois et de l’industrie vers la Chine ou l'Inde, sans la moindre considération des conséquences futures de leurs actes.

En poursuivant ces politiques désastreuses, les dirigeants de la Grande-Bretagne couraient le risque de transformer le secteur des services financiers de la City de Londres en une version urbaine de la ceinture de rouille industrielle - une zone désindustrialisée qui traversait le nord du pays, ponctuée par les vestiges délabrés d’usines abandonnées. Pendant les années soixante et soixante-dix les gouvernements successifs avaient regardé avec indifférence l’effondrement de l’industrie sidérurgique, la fermeture des mines de charbon, et le long et douloureux déclin de l’industrie automobile.

 Autrefois glorieux, le centre de l’industrie britannique - le cœur battant d’un empire - passait de Birmingham à Liverpool, de Liverpool à Newcastle, et de Newcastle à Derby. Mais des décennies de mauvaises décisions politiques et industrielles scellèrent la destinée du pays comme centre de manufacture, condamnant de larges pans de son industrie à l’oubli, pendant qu’au Japon et en Allemagne les mêmes industries furent renforcés pour former une base solide pour le futur.

 Tom Barton se rappelait la Wolseley et l’Humber de son père, des voitures construites dans les années soixante par des constructeurs automobiles, autrefois célèbres, mais aujourd’hui disparus, engloutis par la défunte British Motor Corporation et son successeur British Leyland qui endura le même triste sort. La Grande-Bretagne avait même abandonné le contrôle de son secteur automobile de haute gamme, aujourd’hui dans les mains des Allemands BMW et Volkswagen, et plus incroyable l’Indienne Tata Motors. Incroyable n’est pas exagéré, si regarde le niveau de développement économique et industriel du Royaume-Uni des années soixante, et si on le compare à celui de l’Inde, nouvellement indépendante, luttant contre la misère, la surpopulation et la quasi-absence de développement industriel et économique.

Airbus a réussi quand les avionneurs britanniques, autrefois illustres, tel que De Havilland, Hawker Siddeley et Vickers, se sont éclipsé. Ariane a prospéré après toute une série de fusées britanniques, certainement viables, mais condamnées à l'abandon en faveur des lanceurs américains. Résultat de querelles politiques incessant et d'indécision. Le secteur nucléaire a été laissé aux Français. L’informatique aux Américains et aux Japonais. En s’accrochant à la queue de l’Amérique, la Grande-Bretagne a abandonné plus de deux siècles de tradition industrielle.

 Les britanniques ont été bercés dans la complaisance par le glitz et le glamour des célébrités, qui leur sont imposées, comme modèles de référence, par les médias trash. Le terme ‘célébrité’ a fait autrefois référence aux idoles du cinéma, des starlettes, les joueurs de foot et de cricket. Mais tout ceci a changé lorsque la télévision, en haute définition et en couleur, a projeté des images, en chair et en os, des leaders politiques, coachés par des spécialistes des relations publiques et relooké par des maquilleurs, dans l’intimité des foyers britanniques. Ces leaders portaient un message séducteur aux téléspectateurs : dépenser et s'enrichir … comme si demain n’existait pas. En même temps, la télévision populaire a encouragé les téléspectateurs à imiter le style de vie des dites célébrités, singeant leur vie supposée élégante: appartements et villas tape-à-l’œil, grosses cylindrées, boutiques branchées, divertissements bruyants, modes criards, copiant les styles et les manières peu raffinées de leurs idoles sportifs, fréquentant les pubs et les clubs branchés, et vivant à crédit sans prêter attention aux conséquences de leur frivolité.

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CHAPITRE II

ETE 2007

LA CITY DE LONDRES

 

Fitzwilliams regardait le ciel bleu clair d’été et respira profondément. Il ne s’était jamais senti aussi bien. Mais la sensation de bien-être avait peu à voir avec la qualité de l'air, qui était tout, sauf bonne, recyclée sans fin grâce à un vaste et complexe réseau de gaines, filtres et appareils de refroidissement. L’air était refoulé par des ventilateurs énormes vers son bureau, situé au sommet de la tour, dans une vaste coupole de verre étincelant. Le puissant système de climatisation fonctionné sans arrêt, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, silencieusement, dans les entrailles de la tour loin en dessous des pieds coûteusement chaussés du banquier.

 Quatre années s'étaient écoulées depuis sa décision de transférer le siège social de l’Irish Netherlands Bank Ltd vers la tour futuriste qui dominait l’horizon de la City. Quatre ans, durant lesquels les fortunes, de ce qui était en effet un groupe bancaire anglo-néerlandais, avaient progressé à pas de géant, les assurant une place bien méritée dans le célèbre mile carré de Londres. Quatre ans, qui avaient vu les bénéfices de la banque atteindre des hauteurs jamais imaginées par les prédécesseurs de Fitzwilliams, quatre ans d’expansion continue.

 Certains plaisantins appelaient le siège de la banque, avec sa forme évocatrice, le membre viril de Fitzwilliams. Ils n’étaient probablement pas très loin de la réalité, en effet le banquier avait tellement l’habitude du succès, qu’il se sentait invulnérable, imparable. Son nid d’aigle, perché au sommet étincelant, était le fier symbole de sa réussite, visible et enviable par tous ceux moins bien dotés que lui.

Ce matin d’été, il semblait que rien ne pouvait arrêter la progression de la banque; les prévisions de résultats de ses trois pôles géographiques - Londres, Dublin et Amsterdam - étaient louables et l’avenir semblait assuré. Il s’était passé un peu plus d’une décennie depuis que l'oncle de Fitzwilliams, David Castlemain, avait envoyé son neveu prometteur en Angleterre pour prendre en charge le développement des activités hypothécaires de la banque au Royaume-Uni. Puis, quand le destin frappa à sa porte de façon inopinée, Fitzwilliams fut projeté vers le haut, et sous sa direction, la petite banque irlandaise fut appelée à subir une transformation étonnante.

 C’était vendredi, le 27 juillet, les écoles étaient sur le point de fermer pour les grandes vacances. Sur le front des affaires, la calme traditionnel descendait sur les marchés. Avec peu de choses importantes à l’horizon, rien n’empêchait Fitzwilliams de descendre, comme prévu, à Poole sur la côte sud de l’Angleterre, pour profiter d’une semaine de loisirs sur son yacht, le Marie Gallant II.

 Le PDG retournait à son bureau et se mit à feuilleter les divers documents que sa secrétaire avait préparés. Ses pensées étaient toujours fixées sur ses plans pour la semaine à venir quand le rapport intérimaire de la banque Northern Rock, l’un de ses concurrents et leader du marché dans le secteur hypothécaire, attira son attention. Le rapport annonçait des résultats positifs pour le premier semestre avec une perspective prometteuse pour le second.

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CHAPITRE III

LE PAYS BASQUE

 

Jack Reagan sirotait une bière fraîche en admirant la vue de sa résidence de vacances dans la petite ville frontalière d’Hendaye, sur la Côte Basque. Le temps était exceptionnellement chaud; un peu plus de trente-sept degrés, l’une des températures les plus élevées jamais enregistrées dans une région connue pour son climat atlantique doux et souvent humide. Chaque année, avec sa femme, ils passaient deux mois dans la petite station balnéaire, se relaxant sur le bord de mer, marchant dans les contreforts des Pyrénées, et profitant de la gastronomie locale: pipérade, tapas, Jamon Iberico, et les vins  de la région comme l’Irouleguy ou le Rioja espagnol.

De l’autre côté de la frontière se trouvait le País Vasco ou Euskual Herri, une région autonome d’Espagne. Du côté français, le Pays Basque n’avait aucun statut politique, au grand dam des quelques vrais Basques restants, sauf sa longue histoire et de ses traditions.

En arrière-fond, une chaine d'information télévisée annonçait des nouvelles alarmantes en provenance du Liban, qui, auraient tout naturellement peu intéressé les milliers de vacanciers insouciants, allongés sur la longue plage sablonneuse de la station balnéaire. Sauf que cette énième crise au Moyen-Orient avait propulsé le prix des carburants à des sommets jamais vus ; l’équivalent de presque huit dollars le gallon à la pompe, un chiffre qui aurait provoqué une révolution aux Etats-Unis.

La population d’Hendaye, comme chaque été, était passée de quinze mille à presque quatre-vingt mille avec l’afflux annuel des estivants et des touristes. Il n’y avait rien d'inhabituel à cela. Ce qui avait changé c'était les prix de l’immobilier. Sans raison évidente ils avaient soudainement explosé, rivalisant avec ceux de Paris, à huit cents kilomètres au nord, et ceux de Madrid, à cinq cents kilomètres au sud.

Reagan ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi les prix de l’immobilier à Hendaye, une petite, presque insignifiante, bourgade nichée dans un coin relativement tranquille de la France, avaient soudainement explosé. Une partie de la réponse reposait peut-être sur la disparition des frontières au sein de l’Union européenne. Hendaye était devenue attirante comme lieu de résidence pour un nombre croissant de familles espagnoles vivant de l’autre côté de la frontière. San Sébastian, à environ vingt kilomètres de distance, connue par les Espagnols comme une station balnéaire chic, était devenue horriblement chère comparée à sa petite voisine française.

Un nombre croissant de familles espagnoles optèrent pour des résidences secondaires à Hendaye et de nombreux autres s’y installèrent sur une base permanente. Probablement, en raison d’un manque de logements abordable du côté espagnol, plus densément peuplé. Il y avait aussi le Topo, le réseau ferroviaire servant San Sebastian et ses environs. La dernière station de sa ligne nord était située du côté français de la frontière, à la Gare SNCF d’Hendaye. Le Topo offrait aux Espagnols résidant en France un accès facile à leur lieu de travail côté espagnol.

En l’espace d’une décennie, la population espagnole à Hendaye avait atteint près d’un tiers de ses résidents permanent. Un changement bienvenue pour l’agréable, mais économiquement en déclin, station balnéaire.

C’était une situation qui avait inévitablement conduit à un développement immobilier effréné couplé de projets d’infrastructures, déclaré nécessaires pour satisfaire les besoins d’une population en plein essor, tels que l’incinérateur d’ordures ménagères, écologiquement discutable, et dont l’emplacement était prévu dans la proximité de la ville voisine espagnole d’Irun.

La municipalité d'Hendaye appartenait à ce qu’on appelait le Consortio, une structure administrative transfrontalière composée de trois municipalités mitoyennes; Irun et Fuenterrabia étant les deux autres avec respectivement, des populations de cent mille et dix mille habitants. Fuenterrabia, une ancienne et pittoresque citadelle, se trouvait sur la rive sud de la Bidassoa, dominée par sa magnifique cathédrale et le Castillo de Carlos V, construit dans les 16ème et 17ème siècles pour défendre l’Espagne contre la France.

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Il y avait une odeur de spéculation dans l'air. Tout était à vendre ou à agrandir, que ça soit une simple villa ou l'extension de la piste de l'aéroport de San Sebastian. Si les politiques obtenaient avait gain de cause, ce prolongement gâcherait la vue splendide de l'élégante villa basque de Reagan, situé sur la colline qui surplombait la baie de Chingudy, sans parler de l'effet qu’aurait l'arrivée de gros porteurs sur la tranquillité de la ville et de ses habitants.

Pendant des décennies, le petit aéroport et sa piste unique reposèrent sous l’ombre du Jaizkibel avec ses 547 mètres d’altitude - le dernier sommet à l’ouest du piémont pyrénéen. L’aéroport, dont le bout de la piste était situé à quelques centaines de mètres d’une bande de sable appelée l’Ile aux Oiseaux - une zone de repos pour les oiseaux migrateurs, avait été le point d’arrivée et de départ d’une dizaine de vols de ligne quotidiens. La moitié de ces vols étaient assurés par des appareils à hélice relativement silencieux.

Puis, des politiques ambitieux et des hommes d'affaires concentrèrent leur attention sur les avantages qu'ils pourraient tirés de l’agrandissement de l’aéroport et l’extension de sa piste. Un demi-kilomètre de plus dans la baie apporterait plus de trafic avec l’arrivée de gros porteurs. Mais les habitants de la baie voyaient ce projet d'un mauvais œil: la transformation d’un site d’une beauté naturelle extraordinaire en plaque tournante de trafic aérien polluée.

Même le petit jardin municipal d’Hendaye avec ses platanes centenaires, légués à la ville par un propriétaire disparu depuis longtemps, fut transformé en une aire de jeux bétonnée. Sur une échelle beaucoup plus importante naquit le projet de couvrir la voie ferrée, Paris-Madrid - vieille de cent cinquante ans, et qui traversé le centre ville dans une tranchée profond de quinze mètres. Une plate-forme massive, en béton précontraint, fut planifiée, de plus de trois cents mètres de long par près d'une cinquantaine de large. Un projet plus conforme à un ouvrage monumental qu’aux fondations d’un immeuble résidentiel dans une petite ville de province. Furent également prévus dans le projet un centre commercial et un parking souterrain, tous conçus sur une base purement spéculative. Les plans d'architectes présentaient un total de trois cent cinquante appartements, soit une augmentation du nombre total de logements de presque dix pour cent dans cette petite ville.

 Les élus déclaraient ces changements nécessaires pour la croissance de la commune, pour l'emploi, et pour favoriser son développement. Reagan lui-même, se demandait ce que les promoteurs feraient une fois les projets en cours seraient achevés. Est-ce qu'ils recommenceraient à nouveau? Puis encore, et encore? Qui allait payer pour cela? Où tout cela mènerait-il? Est-ce que de tels changements étaient nécessaires? Des changements, si répétés sur une échelle nationale et internationale, auraient sûrement des effets dans d’autres parties du monde: la lutte pour les ressources, le pétrole, les matières premières, l’eau, l’espace - avec la menace du changement climatique. Et ceci se traduirait dans un avenir où les températures estivales de trente-sept degrés en régions tempérées comme la Côte Basque, seraient devenues normales.

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CHAPITRE IV

LONDRES

 

A l’arrivée dans son bureau spacieux, loin au-dessus des rues étroites de la City de Londres, Fitzwilliams, au bronzage éclatant, se sentait très détendu après une semaine de fête à bord de son yacht à Poole. Il s’assit devant son café matinal, puis ramassa la copie du Financial Times, soigneusement pliée par sa secrétaire, et placée sur la table basse. Il n'y avait pas de nouvelles sensationnelles - le commerce entre pays riches et pauvres et un non-sens sur les réglementations sur les échanges de vessies de porc.

Il appela sa secrétaire.

—  Pat est-il arrivé?

—  Non, il a appelé pour dire qu’il sera là vers midi.

Fitzwilliams renifla. Il pense qu’il est encore en vacances, il marmonna en remettant l’appareil.

Une heure plus tard, Kennedy se présenta au bureau de Fitzwilliams, nonchalant et content de lui-même. Son coup de soleil semblait moins vicieux, probablement dû au fait qu’il avait disparu de vue pendant trois jours avec une belle blonde russe, une de celles qui avaient accompagné Sergei Tarasov sur le Marie Gallant II.

— T’était soigné ton coup de soleil, demanda Fitzwilliams d’un ton sarcastique.

— Fitz… répondit Kennedy en badinant. Il faillait montré Londres à Anna.

— Mon œil. Pour réviser ton russe j’imagine!

Kennedy haussa les épaules mal à l’aise.

—  Je meurs de faim, dit Fitzwilliams passant aux choses plus sérieuses. Bon, il est l’heure de casser la croute.

—  Où? A l'étage?

—  Non, au pub.

 Le Stone Horse Paper Cow était à deux minutes de la tour 30 Saint Mary Axe. En passant la porte du pub, Fitzwilliams jeta un rapide coup d’œil autour de lui pour s'assurer qu’ils seraient à l'abri des journalistes. La presse spécialisée dans la finance et la City était avide de toute sorte d'échos venant de la haute finance, prêt à transformer une simple pause sandwich en une folle rumeur. Mais, l'ancien pub était encore relativement calme en raison des vacances.

 Ils commandèrent une bière et des sandwiches, puis s’assirent dans les fauteuils en cuir, usés mais confortables, autour d'une table basse à l’abri des regards.

—  Après le champagne et le caviar, ça change de manger un bon vieux sandwich de jambon aux des cornichons !

Kennedy acquiesça et se farcit la bouche avec le sandwich.

—  C’est le calme total.

—  Les vacances.

—  Hmm.

—  Ils parlent d'un problème de liquidités aux États Unis.

—  Ca va nous toucher?

—  Difficile à dire. Nous sommes dans le marché hypothécaire.

 L’après-midi même, un bruit circulait dans la City sur des problèmes chez la banque française BNP Paribas. La rumeur concernait trois des fonds de la banque qui avait perdu plus de vingt pour cent de leur valeur au cours de la semaine précédente.

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Mercredi matin, le 9 août, BNP Paribas annonça qu’elle gelait trois fonds de placements composés de titres adossés à des subprimes américains, placements qui avaient été effectués grâce à de l'argent emprunté sur les marchés à court terme.

 Un porte-parole de la banque annonça que l’évaporation totale des liquidités dans certains segments de marchés de titrisation aux Etats-Unis empêchait la valorisation adéquate de certains actifs, indépendamment de leur notation de crédit.

 Soudain, le monde, hors celui des spécialistes, découvrit les subprimes: des prêts hypothécaires à risque, conçus pour des emprunteurs de condition modeste, ayant de mauvais dossiers de crédit et même des histoires de remboursement.

 Fitzwilliams convoques immédiatement ses proches conseillers à une réunion d'urgence pour déterminer l’impact qu’une crise de liquidités pourrait avoir sur l’Irish Netherlands Bank. En dehors de ses traditionnelles activités de banque de détail, elle s’était récemment tournée, comme ses principaux rivaux, vers d'autres sources de fonds, tels que le financement de détail pour ses produits hypothécaires.

 L’idée ne lui était jamais venus à l’esprit pendant les années euphoriques qu’il sirotait du Champagne, que l’avenir pourrait êtres différent.  Pendant qu’il s’amusait à bord de son yacht luxueux avec ses amis et ses acquaintances, lui, comme eux, n’imaginaient pas que leur monde, utopique et d’enrichissement personnel, pouvait devenir différent. On aurait pu excuser un observateur de se demander si Fitzwilliams avait oublié tout ce qu'il avait appris à la prestigieuse London School of Economics, ou s'il avait simplement devenu aveuglé par sa propre cupidité.

Au cours des étés heureux des années 2006 et 2007, les vacanciers qui se promenaient sur le quai à Poole,  restaient bouche bée devant les riches qui jouaient sur leurs yachts, ceux bénie par la fortune tels que les banquiers, traders, promoteurs immobiliers et courtiers en prêts hypothécaires. Beaucoup de gens ordinaires se sont sans doute demandés pourquoi ils avaient raté le coche pendant les années du boom spéculatif?

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CHAPITRE V

FEVRIER 2007

BANGKOK

 

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que Tom Barton avait embrassé Emma Parkly en quittant New Delhi. À son arrivée à Bangkok il s'était mis à explorer la ville, découvrant à sa grande surprise un contraste considérable avec la pauvreté et le sous-développement de l'Inde, où il venait de passer ce qui était sans doute le mois le plus difficile de sa vie. Pendant son séjour dans la petite station balnéaire de Kovalam une épidémie de choléra s’était déclarée, se terminant par une évacuation stupéfiant de milliers de touristes étrangers, devant les caméras de télévision du monde entier.

 Barton s’impatientait de voir Emma à ses côtés, mais il fallait attendre qu’elle remplisse les dernières formalités liées à la mort de son mari, Stephen Parkly, le PDG de la banque hypothécaire, West Mercian Finance. La banque était au bord de la faillite après avoir était frappé par la crise de liquidités. Depuis son dernier appel téléphonique à l’Oberoi à New Delhi, une ombre de doute s’était glissée dans son esprit. Est-ce que c'était son imagination, ou est-ce qu'il y avait un changement, à peine perceptible, dans le ton de sa voix, un vague soupçon d'hésitation? Mais Emma l’avait rassuré, annonçant qu'elle avait réservé un vol vers Bangkok pour le dimanche suivant.

Le lendemain soir, Barton appela l’Oberoi à nouveau, comme promis. Emma n'était pas dans sa chambre. Il laissa un message, puis attendit dans sa suite. En vain, elle ne retourna pas son appel, le laissant tourmenté par le doute et l'incertitude. Le matin suivant, il appela à nouveau, sans succès. Dans la soirée-même, à son grand désespoir, Barton fut informé qu’elle avait quitté l'hôtel sans laisser de message.

Le surlendemain, Emma l’appelé de Londres. Tom ne fut pas totalement surpris. Elle lui expliqua péniblement que son père était tombé malade. Elle n'avait eu aucune autre alternative que de quitter Delhi pour rentrer à la maison afin de se porter aux côtés de sa mère. Les médecins se prononcèrent pour une légère attaque, sa vie n'était pas en danger. Puis, Emma informa Tom qu'elle avait besoin de passer quelques jours, une semaine, avec sa famille. Tom ne pouvait rien faire, sauf de cacher sa douleur.

Les jours se suivaient et se ressemblaient. Une semaine passa et Emma remettait toujours sa décision de le rejoindre à Bangkok. Puis, vers la fin de la deuxième semaine de Barton en Thaïlande, Emma admit qu'elle avait besoin de plus de temps pour penser à l’avenir. Tom se sentait blessé, abandonné, après toutes les promesses qu’ils s’étaient faites, l’un à l’autre.

A son retour à l’hôtel, après un énième et dépriment promenade dans cette ville poussiéreuse et suffocante, le concierge lui tendit une lettre, ‘par avion’. L’écriture sur l’enveloppe était celle d’Emma. Il lui semblait étrange de recevoir une lettre ‘par avion’ dans un hôtel à Bangkok, comme une sorte de retour vers le passé. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il avait reçu une lettre ‘par avion’. C’était quelque chose qu’il n’aurait jamais pu imaginer il y a seulement deux mois, et encore plus étrange dans le monde modern d’Internet et des téléphones portables.

Appréhendant les mauvaises nouvelles, il retourna vers sa suite pour ouvrir la lettre. Elle était longue. Emma déversait ses pensées, elle semblait confuse, ses parents l’avait persuadé de prendre plus de temps pour réfléchir. Après tout, sa famille et ses amis étaient à Londres. Commencer une nouvelle vie, loin d’eux serait, trop – en plus avec un homme qu’elle connaissait à peine. Tout ça après les événements dramatiques qui avaient soudainement et brutalement bouleversé sa vie, la mort tragique de son mari en Inde, puis l’effondrement de sa banque hypothécaire, la West Mercian Finances.

Au début, Barton avait accepté l’idée qu’Emma avait besoin d’être près de sa famille en Angleterre. En d’autres circonstances, il aurait sauté sur le prochain vol pour la rejoindre, mais étant donné les conditions dans lesquelles il avait quitté Londres, ce n’était pas une option. Il y avait peu de choses à faire d’autre qu’attendre et espérer.

Puis, les jours passaient et lentement il réalisa qu’Emma ne le rejoindrait jamais. Au départ, il passait le temps à la piscine de l’hôtel qui donnait sur la rivière Chao Phraya, en attente de nouvelles, en faisant des plans pour une nouvelle vie avec elle - où exactement resté vague. Puis, lentement, quand la réalité se fit jour, il n’eut pas de choix que d’accepter l’idée qu’il était à nouveau seul et recommencer à regarder son étrange environnement de manière différente.

Il n’avait pas remarqué le magnifique hôtel et le personnel avec leurs wais respectueux. Il donnait peu d’attention au magnifique hall d’entrée qu’il traversait chaque jour avec indifférence. En acceptant sa nouvelle situation, le voile se levait, et pour la première fois, il pouvait admirer l’énorme lustre en cristal qui éclairait le vaste et élégant atrium, il entendait le son du piano à queue, joué par une jeune thaïlandaise gracieuse, et le murmure de l’eau qui coulait de la fontaine imposante, sculptée en marbre blanc, et qui dominait le hall.

Finalement, à contre cœur et tous ses espoirs déçu, il tournait son attention vers d'autres choses. Il découvrit que la Thaïlande était différente de l’Inde, très différente. Bangkok était une ville moderne et dynamique, une autre culture, un autre monde. Il explora les bas-fonds louches de la ville avec ses bars et clubs: Patpong et Soi Cowboy, attirant des touristes peu exigeants et les expatriés fatigués. Il était forcé d’admettre que les filles n'étaient pas mal, différentes, et malgré tout séduisantes.  Il était tenté par les filles de bar et les salons de massage, mais il avait été averti des risques de ces brèves rencontres. Ainsi, avec son refus de noyer son chagrin dans la boisson, il restait dans le droit chemin.

Petit à petit, il commença à se sentir étrangement à l'aise dans sa suite située dans l'Aile des écrivains. Il s’élaborait une sorte de familiarité intime avec cette aile de l’hôtel, qui avait été fréquentée jadis par de grands écrivains tels que Conrad. Barton dérivait dans une routine insouciante, il se levait tôt, passait une heure dans le club de remise en forme, puis se prélassait sous la douche, suivie d’un petit déjeuner tranquille dans le Coffee Veranda Shop. Là, en sirotant son café, il observait les allées et venues des autres clients de l'hôtel, ou bien il rattrapait les nouvelles internationales en lisant la presse de langue anglaise. Ensuite, il passait une heure au bord de la piscine, s'intégrant dans le paysage de l'hôtel, échangeant des paroles avec ceux qu'il commençait à reconnaître, pour la plupart des hommes d'affaires.

Au début, il s’était replié sur à lui-même, ses pensées trop fixées sur Emma. Puis, quand l’ennui s’annonça il se força à chercher d'autres distractions. Il jeta un coup d'œil sur les courts de squash, où, de temps en temps il jouait une partie avec un partenaire, client de long séjour comme lui. Barton, à bout de souffle, a était toujours battu, en dépit de ses séances quotidiennes au centre de remise en forme.

Après la douche, il rejoignait son partenaire de squash au bar pour prendre une bière bien fraîche. Steve Howard, un amiable Liverpudlian, bavardait au sujet de Bangkok et de l’Asie du Sud-est en général. Après plus de deux semaines d'introspection presque larmoyante, Howard était une bouffée d'air frais, sans prétention et de bonne compagnie, posant peu de questions, un homme clairement habitué à la discrétion. Howard avait vaguement laissé entendre qu'il était consultant, en faisant allusion à l'élaboration de projets d'hôtel au Cambodge.

Howard était ce que certains Américains auraient décrite comme un fixer, un facilitator, ou pour les Français, une sorte d’éminence grise. Quelle que soit la description, c’était lui, dans les coulisses, qui arrangait des négoces pour des hommes puissants dans le monde des affaires. Il était également un investisseur astucieux, pour ses propres intérêts, utilisant les informations glanées parmi ses relations privilégiées avec des hommes tels que Sergei Tarasov, le banquier russe, ou Fernando Martínez, un magnat de la construction espagnol.

Il était l'invité discret des riches à Londres, à Monaco, ou sur un yacht dans les eaux chaudes de la Méditerranée. Ses compétences résidaient dans l'achat et la vente des biens immobiliers commerciaux: immeuble de prestige, hôtels de luxe et palaces, copropriétés de standing ou complexes de golf. Ses commissions avaient fait de lui un homme riche.

Contrairement à ce que disaient les médias, les affaires continuaient à tourner quel que soit les problèmes des banques ou des gouvernements. Pour trouver la bonne affaire, il fallait simplement regarder dans le bon endroit. Howard qui n'avait pas de lieu fixe de business pouvait se déplacer en fonction de ce que le marché lui présentait. Comme tout investisseur avisé, il savait que les règles étaient simples et de plus ne changeaient jamais: acheter bas et vendre haut.

Howard le quitta avec la promesse d'un match retour dès son retour de Phnom Penh, informant Barton au passage que la capitale cambodgienne n’était qu’a une petite heure de vol de Bangkok. A Phnom Penh, Howard avait rendez-vous avec un client espagnol, maitre d'ouvrage d'un grand complexe hôtelier. En riant, il faisait remarquer sa préférence pour les conforts de Bangkok, ville de huit millions d’habitants, sophistiquée par rapport à l'ambiance provinciale de Phnom Penh, une capitale moins imposante, où il était difficile de passer inaperçu surtout quand on traitait des affaires importantes.

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CHAPITRE VI

L'ATLANTIC NORD

 

Loin des plages de la Thaïlande, une des plus grandes collections au monde de jets privés attendait sur le tarmac de l'aéroport de Keflavik International à Reykjavik en Islande, où la température oscillait autour de moins quinze degrés. Les jets étaient à la disposition de leurs nouveaux riches propriétaires vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les réservoirs pleins, prêts à décoller. Un simple coup de fil, un dernier coup du dégivrage, puis, cap sur Londres, New York, ou d'autre destination, où cette petite élite avait établi son réseau international d’opérations commerciales. En tout cas, loin de leur île glaciale plantée au milieu de l'Atlantique nord, située entre la Norvège et le Groenland.

C’était surprenant, même étonnant, que ce petit pays, officiellement partie de l'Europe, avec une population d’à peine trois cent mille âmes, se metta en concurrence avec des pays tels que la Suisse comme centre bancaire offshore. Au Royaume-Uni, en un clin d’œil, les entreprises islandaises étaient devenues des noms familiers, pour les consommateurs et les épargnants. Il y avait Baugur, un groupe d’investissement islandais, propriétaire d’une longue liste de chaînes de magasins et entreprises britanniques. Landsbanki, un groupe bancaire établi dans la City, avec sa banque d’épargne internet IceSave, qui détenait en dépôt des milliards de livres de petits épargnants britanniques.

    Les nouvelles que l’agence de notation Moody menacé d’abaissé la note de tout le secteur bancaire islandais a secoué les investisseurs. En même temps Standard & Poor prévenait le marché que les banques Kaupthing, Glitnir et Landsbanki étaient en sérieuses difficultés, malgré l’annonce au contraire du gouvernement islandais, qui rejetait vigoureusement tout idée d’une crise bancaire du style Northern Rock.

C’était une situation étrange, compte tenu du fait que l’unique ressource économique réelle d’Islande était la pêche. Ce qui était encore plus difficile à comprendre était le revenu moyenne par habitant du pays a doublé dans l’espace d’une décennie, s'élevant à quarante mille dollars par an, un des plus élevés dans le monde.

Une petite clique d’homme d’affaires islandais avait, dans un lapse de temps très bref, fait fortune, notamment dans le secteur bancaire, l’achat et la vente d’entreprises étrangères, et en spéculant sur l’immobilier au Royaume-Uni et en d'autres pays européens. À la fin de l’année 2006, le total des actifs du secteur bancaire islandais avait sauté à huit fois le PIB du pays, une conséquence de l’afflux d'argent spéculative attirés par des taux d'intérêt élevés, inondant ses banques.

Les premières difficultés ont fait leurs apparitions à Gnupur, une société d’investissement qui détenait une part importante de la banque Kaupthing. Gnupur avait rencontré des difficultés nécessitant une ré-capitalisation d'urgence. Ceci posait un problème majeur, car les banques et entreprises islandaises étaient liées par un réseau complexe de participations croisées. Si un de ces banques ou entreprises rencontraient des difficultés, les conséquences pouvaient provoquer une réaction en chaîne, menacent la stabilité de tout le fragile système.

Ainsi, Kaupthing empêtré Exista, un groupe d'assurance et d'investissement, dans sa toile de malheur. Exista, qui était un des principaux actionnaires de Kaupthing, qui à son tour possédait quarante pour cent de Bakkavör, une société alimentaires exploitant soixante-six usines et emploient plus de vingt-mille personnes dans neuf pays, et vingt pour cent du groupe Sampo, une compagnie d'assurance nordique.

Les affaires incestueuses des banques islandaises étaient mises en évidence par la révélation de leurs liens avec Robert Tchenguiz, un entrepreneur iranien basé à Londres. Tchenguiz, connue pour les fêtes somptueuses sur son yacht à Cannes et ses affaires avec une longue liste de belles femmes, y compris un modèle de Wonderbra. Tchenguiz, membre du conseille d’administration d’Exista, tenait cinq pour cent du groupe, de plus Kaupthing avait financé beaucoup de ses transactions.

De la même manière Thor Bjorgolfsson était président de Straumur, la quatrième plus grande banque d’Islande, pendant son père était président de Landsbanki. Le père et fils contrôlaient Samson Holding, qui tenait trente pour cent de Straumur et quarante pour cent de Landsbanki, tandis que Landsbanki tenait dans ses coffres, théoriquement, près de cinq milliards de livres sterling de dépôts appartenait aux petits épargnant Britanniques.

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A la City de Londres le Nassau Investment Fund avait plongé avec la rumeur de l'abaissement imminent de sa note. L’Irish Netherlands Bank avait d'importants investissements par le biais de son gestionnaire Nassau Asset Management dans des biens immobiliers détenus par l'investisseur islandais, Thor Jonsson. La confiance dans les marchés était fortement ébranlée les événements en Islande et les investisseurs se précipitaient pour retirer leur argent. La seule solution était de renfloué le fond d’investissement avec de l’argent frais en attendent que la tempête passe, mais l’argent d'où?

Nassau Investment Fund était le fond d’investissement phare de Nassau Asset Management, avec plus de six milliards de livres sterling d'actifs. Au cours de sa courte existence de seulement six ans, le fond s'était vanté des gains de près de huit pour cent par an. Il était considéré comme l'un des investissements, de taille moyenne, pour les investisseurs de détail, le plus solide dans la City. En 2006, Michael Fitzwilliams avait introduit le fond sur le London Stock Exchange, où quatre-vingt pour cent de hedge funds européens était cotés, avec beaucoup de bruit.

Bien que le fond était domicilié aux îles Caïmans, son gestionnaire, Nassau Asset Management, était onshore, comme l'étaient nombreux gestionnaires de fonds. Ceci leur permetaient d'attirer de l’argent dans les grands centres financiers tels que la City. La City, après New York et le Connecticut, était le deuxième plus important centre de gestionaire de hedge funds du monde, où étaient gérés des centaines de milliards de dollars investi dans ces fonds.

Fitzwilliams vanté que son équipe, composée d’experts spécialisés dans l’analyse statistique des données financières et le développement de modèles algorithmiques pour le négoce électronique, était parmi les meilleurs de la City. L’équipe était dirigée par Greg Schwarz, un brillant mathématicien débauchés de Lehman Brothers à un salaire phénoménal, réputé pour le développement des modèles d’analyse statistique nécessaire au trading électronique à haute fréquence ; c'est-à-dire par multipliant le nombre transactions de façon exponentiel afin de réaliser un très grand nombre de petites plus-values dans le but d’accumuler un maximum de bénéfices.

—  Leurs salaires sont irréel, Fitzwilliams confié à son ami Michael Tomlinson, l’éditeur du magazine spécialisé The Economist, plus de cinq cent mille livres par an, ajoutant avec un clin d’œil, presque plus que la mienne.

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CHAPITRE VII

PHUKET - THAILAND

 

Tom Barton en s’errant dans la galerie marchande de l’hôtel sentait un vague impression de soulagement, c’était comme si la chape de plombe qui pesait sur lui se levée. Il s'arrêta devant une agence de voyages, parmi les offres affichées dans la vitrine était une offre de trois jours à Phuket. Cela lui semblé comme une bonne idée. Sans réfléchir il poussait la porte et entre dans l’agence. Une jeune femme souriante l'informait que l’offre comprenait trois nuits dans un hôtel dans la proximité de la plage de Patong.

     —  Est-ce que dans le centre?

—  Vous voulez dire de Phuket?

— Je ne sais pas. J’aimerais quelque chose près du centre, de la plage, près des commerces et des restaurants, dit-il gaiement.

—Voyez, La Flora est très bien. Cet hôtel donnait directement sur Pa Tong Beach, la meilleure plage de Phuket, dit-elle en lui montrant une brochure avec des images.

Barton avait envie de découvrir l’endroit où les touristes étrangers passaient leurs vacances, la routine à l'Oriental était devenue triste et routine et il sentait le besoin de changer d’ambiance.

— Il me semble très bien. D’accord. Quand puis-je partir? Aujourd’hui?

Rapidement elle vérifiât les vols et la disponibilité des places sur son ordinateur, et en même temps, l'informant que le mois de février était la meilleure saison, sec avec un ciel bleu.

— Pas de problème, elle annoncé au bout de quelques moments. Il ya un vol avec Thai Airways à 18h40 ce soir, si cela vous convient, que voudriez-vous, classe affaires?

— Ce serait très bien.

— Combien de temps faut-il pour aller à l'aéroport?

— Vous devrait partir d'ici à 16h30 la circulation est un plus fluide à ce moment de la journée.

— Parfait, dit-il en sortant sa carte noire d’American Express, presque neuve et toujours brillante.

――

Après un peu plus de une heure de vol de l’Airbus atterrait à l'aéroport international de Phuket, qui se trouvait à la pointe nord de l'île, à environ vingt-cinq kilomètres de Pa Tong. L'aérogare n’était pas très grande et Barton, avec un seul bagage à main, est sorti directement vers la zone des arrivées. Là, il trouvait un chauffeur, portant un panneau en carton inscrit au stylo feutre noir avec son nom et celle de l'hôtel, qui l’attentait.

    Une fois sorti de l'aérogare le temps semblait plus chaud que Bangkok. La nuit a tombée et de ce qu'il a pu voir des environs, c’était rurale et avec assez peu de circulation. Après avoir quitté le périmètre de l'aéroport le conducteur prenait l’autoroute en direction de la ville de Phuket. Puis, après environ cinq kilomètres ils prenaient une sorti direction ouest et une route qui montée fortement passant pars une série de collines avant de finalement redescendre vers Pa Tong Beach. Les lumières et une dense circulation de véhicules annoncé leur arrivée dans la station touristique. Quelques minutes plus tard, la voiture s’arrêtée et le déposé devant l’hôtel La Flora sur la très animée rue Taweewong.

La Flora était neuve, tout récemment ouvert. La chambre à Barton était grande confortable avec une large terrasse qui surplombait sur la piscine de l’hôtel et la plage. Regardant sa montre, il était juste après neuf ans; il avait mangé dans l'avion et décida de remettre toute exploration au lendemain.

Prenant une bière Singha dans le minibar, il sortait sur la terrasse et s’installé dans une chaise longue pour savouré l’ambiance de son nouvel entourage. C’était un changement après le bruit et l’urgence de Bangkok. Pendant qu’il sirotait sa bière, il écoutait les vagues et sentait le mouvement de l’air voluptueux venant de la mer chaude. Une sensation de délivrance traversé son corps. Soudain, la vie semblait mieux - malgré un bref moment de tristesse quand l’image d’Emma flottait de nouveau dans ses pensées.

Le lendemain matin, Barton se levait de bonne heure. Après trois ou quatre longueurs dans l’eau de la piscine il se dirigea vers restaurant de l’hôtel. Là il optait pour un petit déjeuner anglais avec du café et suivi d’une papaye fraîche légèrement aspergé de jus d’un citron verte. Puis, il se mit alors à la découverte de Patong, où la brochure, qu’il avait trouvé à la réception, présentait comme : la plus jolie et la plus populaire des plages de Phuket, propose des sports aquatiques dans les eaux translucides, avec ses hôtels, restaurants, centres commerciaux et une vie nocturne animée, riche en bars et des pubs interminables.

Tout d’abord, comme pour n’importe quel touriste, il commençait par l’inspection obligatoire de la plage ; une bande de sable blanc, un paradis tropical, bordant une baie en forme de croissant, entourée par des collines basses et couvertes d’une épaisse végétation de couleur vert foncé, sous un ciel bleu éclatant. La plage était bordée d’arbres tropicaux à feuillage épaisse et dense, offrant aux vacanciers lève-tôt une protection contre un soleil déjà brulant. Les mêmes lève-tôt marquaient leurs territoires de serviettes de bains et flacons de crème soleil. Des couples se promenaient mains dans la main dans les vaguelettes d’une mer calme et transparente. Les plagistes s’occupaient des lignes de chaises longues et parasols sur le sable blanc et fin, d’autres s’occupaient des jet-ski et voiliers de location échoué sur la plage. Barton était heureux avec ce qu’il a vu, c’était plus réel qu’une image de carte postale et exactement ce qu’il fallait pour faire une pause de réflexion sous le soleil.

Son programme pour la matinée se poursuivi avec un coup d'œil à la ville, commençant par Taweewong Road, suivant la rue, dans la direction nord-sud parallèle à la plage. C’était un paradis touristique, une profusion de signes et de néons, un kaléidoscope de boutiques de mode, boutiques de souvenir, bijoutiers, bars, night-clubs, restaurants, hôtels, bureaux de location de voitures, cafés Internet et agences de voyage. Patong était des années lumières de Kovalam Beach, dans le Kerala au sud de l’Inde, où Barton avait fait un désastreux départ de l'année 2008, et où il avait fait connaissance pour la première fois d’une station balnéaire tropicale. Par contre les touristes lui semblaient pour la plupart interchangeables. Pa Tong était propre et ordonnée, comme ce fut presque tout ce que Barton avait vu de la Thaïlande. La capitale Thaï n’avait pas la moindre similitude avec Delhi ou Bombay, villes dystopiques,  sauf peut-être  l'enchevêtrement perpétuel de sa circulation.

La matinée était encore jeune, il y avait toujours de la fraîcheur dans l'air, tout semblait lumineux et les passants souriantes. Les premières touristes avaient l'air heureux, heureux avec la vie, heureux d’être là où ils étaient. Il n’y avait pas à rechercher à des explications, ni le genre de perplexité qu’il avait observé sur les visages des visiteurs à Kovalam, l'effort d’essayer de se réconcilier la pauvreté et la misère locale avec des vacances coûteuses, le farniente des plages au soleil. En le même temps, c’était difficile de réaliser qu’il y a seulement trois ans, Pa Tong avait été détruite par le terrible tsunami.

La Flora était situé à mi-chemin sur Taweewong Road, mieux connu sous le nom Beach Road, entre Swadirak Road et Bangla Street. Barton traversa la rue en se faufilant entre la circulation qui avançait lentement, puis il tourna au sud vers Bangla Street. Là il découvrait une extraordinaire profusion de bars et de boîtes de nuit, visiblement en train de se remettre d’une longue et chaude nuit, sans doute comme toutes les nuits. Des jeunes femmes, à toute évidence des filles de bar, allant et venant. Elles étaient habillées de shorts ou de jupe très courtes, et débardeurs. Beaucoup d’entre elles portaient des bols dans les mains, contenait presque certainement leur petit-déjeuner. Des voitures, camionnettes, scooters et motos passaient à coté en roulaient aux pas.

Il était compréhensible que la routine quotidienne à Pa Tong commence avec la plage, là les fêtards récupéraient après une nuit longue et dure, allongés sous le soleil, puis au fur et à mesure que la journée avançait, lentement, ils commençaient à réfléchir aux préparations pour la soirée à venir.

D’après les brochures qu’il avait parcouru sur le vol de Thai Airways, il y avait d'autres distractions: visites aux jardins de papillons, fermes de crocodiles et promenades à dos d’éléphant, mais ce type de distraction n’était pas vraiment son truc. Il y avait aussi des excursions en bateau. Cela ne semble pas une mauvaise idée, peut-être pensa-t-il qu’il allait l’essayer le lendemain. En attendant, il a décidé quand à Rome .... Puis, avec un demi-tour indolent il retrouvait le chemin de retour à l'hôtel pour se préparer pour la plage.

D’abord, il chercha un exemplaire de l’édition du dimanche du Bangkok Post, et l’International Herald Tribune, ce dernier vieux de deux jours. Puis, nonchalamment, il se diriger vers la plage où il sélectionna une chaise longue avec une bonne perspective. Quelques vendeurs ambulent passer lentement entre les vacanciers sur le longue de la plage en présentant leurs marchandises ; boissons froides, fruits, T-shirts et divers souvenirs. Barton se positionnait sous son parasol et assidûment appliqué une couche de protection de crème solaire. Même s’il arborait un joli bronzage, il ne prenait aucun risque compte tenu des deux mois d’expérience qu’il avait déjà acquis sous le soleil tropical.

En regardant autour de lui il observer les vacanciers faisant la même chose. Il se demande dans quelle catégorie il se trouvait lui même. Car, il n’était pas un vacancier, et non plus un homme d'affaires. Peut-être on l’aurait décrit comme un voyageur de moyens indépendant. L’étiquette lui plaisait. Les dernières semaines ont été tellement bouleversantes et si pleine d’événements, qu’il avait eu vraiment très peu de temps à analyser sa propre situation ou même de penser à son avenir.

Emma Parkly avait pour un moment l’occupait, de ce qui maintenant s’est avéré d’être de fausse promesse. Il était difficile d’accepter qu’il avait été - comment pourrait-il le décrire – gauche, naïf – en bref planquer. Eh bien c’était bien ça. Elle était rentrée chez elle, faite son choix, et ce choix n’était lui. Il était de retour à la case départ. Mais ce n’était pas si une telle aventure avait fait partie de son programme de départe … s’il y avait un.

L’International Herald Tribune rapportait les événements au Pakistan et la tournée africaine de George Bush. La crise économique semble avoir disparu de vue dans les informations. West Mercian et Northern Rock étaient oubliée, la première a été achetée par une grande banque espagnole et le dernier tout simplement nationalisée. Wall Street et le Footsie ont rebondi en ce qu’il jugeait d’être un moment de calme précaire dans le marché, entre crises successives de nervosité. Barton savait que les fondamentaux n’ont pas changé et il prenait une note mentale de passer ordre à son gestionnaire de compte à Genève d’acheter de l’or. Mais, ce n’était pas la nervosité des marchés financiers qui déranger Barton, car, il avait brûlé ses ponts, c’était plutôt son propre avenir qui le préoccupé.

Pendant que la température ambiant montée et le bruit de la circulation dans les rues à proximité de la plage flottait dans l'air, il commençait à sentir un peu raide sur son transat. Il était temps de cherché quelque chose à manger et à boire et dans un endroit à l’abri du soleil, climatisé. Les petits vendeurs au bord de la plage proposaient du poulet frit et de l'ananas fraîchement coupé. Ca senti bon mais compte tenu de son expérience récente à Kovalam, il a immédiatement exclus toute idée de céder à la tentation.

Il a glissé son T-shirt sur le dos et plié ses journaux sous le bras et se diriger vers Taweewong Road, résolut d’essayer un des nombreux bars plutôt que de manger à l’hôtel. Lors de son sorti le matin-même il avait repéré un steak house et l’idée d’un bon steak a fait saliver ses papilles. Après un tour, il trouva La Boucherie, situé dans le Royal Phawadee Village. Il y avait peu de monde, c'était peut-être un peu trop tôt, mais le menu avait l'air appétissant. Un steak et une pomme de terre cuite au four fera un bon idée, il avait faim, il avait presque oublié ce qu'était un bon steak, surtout un steak française - suivant le menu.

Il a été accueilli par une jeune femme souriante qui lui placé près d'une fenêtre donnant sur un petit jardin et lui présenta un menu. Il commanda une bière et sélectionna un steak. Il se sentit déjà mieux, l'air était frais, pas trop, comme ce fut souvent le cas en Thaïlande, où le personnel des restaurant et des hôtels avaient l’habitude de mettre la clime à fond. Une petite inspection du restaurant partie d'un hôtel, ce qui expliqua pourquoi il n'était pas trop plein.

Bientôt, sa concentration a été fixé sur le steak grillés aux feu du bois, que la serveuse l’a placé devant lui. Il commanda une autre bière et attaquait le steak, trop occupé pour voir des touristes s’installa à une table près de la sienne. Quelques minutes passa avant son attention se détourna de son steak, puis en levant ses yeux il était heureux de constater qu’il y avait de la compagnie. Deux femmes, qui après façon leurs voix elles c’étaient des françaises. Une était d’environ trente et l’autre plus âgée, probablement la mère. Elles étaient ce qu'on aurait décrit comme plutôt chic, pas trop bronzé, bien habillé d’un style décontracté de vacances. La serveuse leur a remis le menu et une longue discussion s'ensuivit. Il était évident qu’il y avait un problème dans la compréhension du menu. Puis, la jeune serveuse sympathique regardant autour d’elle lui faisait un signe de désespoir.

Après ses nombreuses visites en Espagne, Barton avait un peu d’espagnol, mais son français était bien plus limité, et peut-être c'était l'anglais de la serveuse qui posait problème.

— Vous est françaises? Il tenta.

— Oui, répondirent-elles ensemble.

— Vous avez un problème avec le menu?

— Oui, nous voulons nos steak saignant, le mot anglais est sorti de ma tête, dis la jeune femme.

Barton avait de la chance, c’était un mot qu'il reconnaissait.

— Ah, rare.

— Oui, c'est le mot que nous cherchions, elle annonçait en riant embarrassée et amusée, car son anglais était presque sans accent, ce qui n’était pas le cas pour sa mère.

Elle lui rappelait d’Emma, peut-être un peu plus confiant, sûr d'elle-même ; chose pas surprenant étant donné les circonstances dans lesquelles qu’il avait fait connaissance Emma.

Elle expliqua qu’elles faisaient une pause plage pendant un circuit de la Thaïlande et le Cambodge. Elles avaient visité Ayutthaya, Chiang Mai et ensuite elles avaient l’intention d'explorer Bangkok avant de s'envoler pour Phnom Penh, où leur programme était de visiter Angkor Wat. Les noms ne signifient pas grand chose pour Barton, peut-être qu’il les avait vaguement vus dans les brochures de voyage, les noms des villes thaïlandaises étaient encore acariâtre et en tout cas il n’avait aucune idée où elles étaient situé géographiquement. Les deux femmes françaises semblaient assez érudites en parlante de l’histoire du pays et ses temples. En ce qui concerne Barton, il avait très peu de connaissance de l'histoire d’Asie et de l’Asie tout courte, son expérience a été limitée à ce qu’il avait vécu lors des semaines tumultueuses passé en Inde.

— Vous restez où? Il demanda en passant sur un terrain plus sûr.

— À l’hôtel La Flora.

— Quelle une coïncidence ! Moi aussi ! Je suis Tom Barton.

— Je suis Sophie, voici ma maman.

— Enchanté.

— Vous rester ici à Phuket ? Je veux dire vous allez visiter le reste du pays, demanda Sophie.

— Pas exactement, je suis installé à Bangkok … des affaires.

— Ah, ça doit être intéressant, dit-elle immédiatement attentive, en le regardant comme s’il était un grand spécialiste du pays.

— Oui, dit Barton pas très convaincu. Comment vous trouvez Phuket?

— Nous venons tout juste d’arriver, pour le moment nous n’avons pas vu grande choses, mais à premier vu il semble un peu touristique, répondit la mère dans un anglais hésitante et avec un fort accent.

— Nous avons choisi Phuket et Pa Tong parce que ma deuxième fille était ici lors du tsunami. Elle est médecin et elle a portait de l’aidé aux blessés.

C’était catastrophique ici.

— Oui, c’était l’un des endroits le plus touchés par la vague, cinq mètres de haut, répondit la mère. Dieu merci ma fille était arrivée tard la vieille, avant le tsunami. Elle était dans sa chambre quand la vague a frappé. Heureusement l’hôtel était sur la colline au nord de la plage.

— Nous partons à Bangkok jeudi, annonça Sophie plus gaiement. Nous allons rester là trois jours pour visiter les temples avant de partir pour le Cambodge.

Leur déjeuner arriva et Barton retourna à son steak. Il nota qu’il devrait s’informé un peu plus sur la Thaïlande. Jusqu’à là il avait vécu dans un sorte de cocon, plongé dans ses propres pensées, prêtant peu d’attention à d’autre choses.

Il demanda la note, puis en saluant ses voisins il partait pour son hôtel, où il avait l’intention de se reposait quelques heures pour digéré son steak.

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CHAPITRE VIII

ESPAGNE

 

Grupo Martínez Construcciones, une des plus grandes entreprises espagnoles de développement et de construction immobilière, comme de nombreuses autres entreprises Espagnoles, a rencontrait des difficultés dans le refinancement de ses dettes à cause de la raréfaction des liquidités bancaires. Cependant cela n’a pas freiné l’optimisme de Fernando Martínez, fondateur du groupe. Il avait parcouru un long chemin depuis qu’il avait quitté l’Université de Salamanque avec un diplôme d’architecture en poche presque de vingt ans auparavant.

Le marché immobilier espagnol avait connu une décennie de croissance extraordinaire et beaucoup de grandes fortunes ont été crées. Il n’y avait jamais eu un période plus propice pour investir dans l’immobilier et la construction dans la péninsule ibérique. En 1997, les mises en chantier des logements en Espagne s’élève à 350.000 unités, puis en 1999 près de 600.000, et en 2007 plus de 900.000. Grupo Martínez Construcciones est devenue l’une des fleurons de l’industrie de construction espagnole, un de ses plus brillants succès. Le nouveau siège du groupe, une tour en verre futuriste, l’édifice marqué l’horizon du quartier d’affaire de Cuatro Torres à Madrid.

Les débuts de l'entrepreneur, comme pour beaucoup de ses contemporains, avait été modeste. Mais, à l’université ses professeurs et ses camarades se souvenait de lui comme un étudiant assidu et très ambitieux. Dès le départ, son but était d'être plus qu’un autre architecte. Martínez avait été motivée par la nécessité d’un diplôme et d’être accepté par le Real Academia de Bellas Artes. Une fois cette objective accompli, il tourna son attention vers des études de commerce et obtenait un MBA à l'Université de Valladolid.

Fernando Martínez est né à La Alberca, un village qui se trouvait à trente-cinq kilomètres au sud-ouest de Ciudad Rodrigo, avec Madrid à deux cent cinquante kilomètres à l'est, et la frontière avec le Portugal à une soixantaine de kilomètres à l’ouest.

Fils unique, Martínez était un excellent élève à l’école du village. C’était le curé du village qui remarquer son potentiel et l’a trouvé une place comme pensionnaire dans un collège de Ciudad Rodrigo. Mais, la fierté des parents se transformée en déception quand à dix-huit ans, il partit pour Salamanque. Bien qu’il adoré ses parents, six ans dans une grande ville l’a donné peu de désir de retourner à la vie rurale dans un village perdu dans les montagnes. L’idée même de suivre les traces de son père, en travaillant la terre dure, où la famille avait élever des moutons depuis des générations,  affligé le jeune homme.

Comme garçon, il avait vu son père ôtant son chapeau devant les notables bien habillés après la messe du dimanche à La Alberca. A cette époque le village était très isolé, situé à 1084 mètres d’altitude sur les versants nord de la Las Batuecas-Sierra de Francia. Il se rappela son arrivé à Ciudad Rodrigo, où les autres pensionnaires riaient, en le traitant de paleto.

Son grand-père l’avait souvent raconté des histoires sur les curieuses maisons en granit du village, des colombages en bois avec les balcons surplombaient les étroites rues pavées et les petites places. A cette époque, le village, dont l’histoire remonté au XVe siècle, était plus que isolé, avec une population d’environ un millier d’âmes. Le village a était remarqué après qu’il est devenu le premier en Espagne d’être inscrit sur Liste du patrimoine mondial en 1940, situé au cœur d’un parc naturel, entouré de quatre chaînes de montagnes, la Sierra de Bejar à l’est, La Peña de Francia à l’ouest, avec la Sierras Francia et Kilama au nord.

Au fil des ans la vie de La Alberca avait changé pour le mieux. Le village devenait un destination pittoresque visité par les espagnols et des touristes de passage. Les vieilles habitations étaient rénovées, repeint et décorées de géraniums, de même que ses places. Beaucoup de Madrilènes achetaient des résidences secondaires. La transformation a apporté une transformation bienvenu de l’argent les petits hôtels et restaurants, une prospérité inattendue pour le village.

À l’Université de Salamanque, fondée en 1218, avec ses trente mille étudiants, Fernando avait découvert les plaisirs de la vie universitaire en profitant de la variété d’activités culturelles riche les autres distractions d’une ville d’étudiants. Il jouait un rôle actif dans différentes associations où il a appris à utiliser ses talents de communication, gagnant de nouveaux amis et construisant un réseau de relations qui pourraient servir à ses besoins futurs. Il terminait ses études à Valladolid, capitale de la Castille-León, où il passait une année consacré à l’acquisition d’une précieuse MBA en gestion d’entreprise.

En 1986, l’Espagne est entre dans l’Union européenne et les investisseurs ont lancé massivement une vaste programme de modernisation. Franco était mort depuis plus de dix ans et après des décennies de stagnation économique sous le dictateur l’Espagne étaient entrées dans une nouvelle ère avec des changements spectaculaires. Martínez n’avait aucune difficulté à trouver un emploi comme jeune architecte. Le boom de la construction était lancé sur une trajectoire balistique qui allait durer vingt ans. Les projets de construction de logements, bureaux, bâtiments publics, villes nouvelles, hôtels, villages vacances, aéroports, marinas, autoroutes et infrastructure étaient tous prendre. Les promoteurs et leurs cohortes allaient devenir riches dans un clin d’œil.

Créative et travailleur infatigable, Martínez a était très apprécié par son employer un cabinet architecture à Valladolid. Au bout de six ans ses ambitions ont grandi et le cabinet était trop limité. En 1992, fort de ses six années d’expérience et les contacts qu’il avait astucieusement développés, Martínez se mit à son propre compte.

Avec les relations qu’il a cultivé chez les développeurs et les entreprises de construction de résidence de vacances, il obtient des contrats sur les Costas où la rué vers l’or était belle et bien enclenché. Au fur et à mesure ses affaires progressé, Martínez, voyant l’argent à faire dans la construction, a investi dans une entreprise de bâtiment locale qui était en difficultés, ceci appartenant à une vieille famille de Ciudad Rodrigo en déclin. En 1995, il prenait la majorité de contrôle et nommait un  cousin proche, Antonio Martínez, comme directeur général. Puis, fort de l’influence politique croissant de Fernando, ils ont acquis le contrat pour concevoir et construire un grand projet de logement pour la municipalité locale.

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CHAPITRE IX

PHUKET

Il était cinq heures de l’après-midi lorsque Barton se réveilla et pointait la télécommande vers le téléviseur, zapping d’une chaîne de langue anglaise à l’autre. Bloomberg rapportait sur la volatilité des marchés financiers et de la faiblesse des hedge funds, avec un mot au passage sur le Nassau Investment, un fonds que Barton avait vaguement entendu parler. La BBC annonçait Gordon Brown allait adresser la Chambre des communes l’après-midi même, tandis que CNN parlait des primaires pour les élections américaines.

En bref il n’y avait rien de très nouveau, laissant Barton se doucher et réfléchir à son propre avenir. Durant la brève période depuis son départ soudain de Londres, sa nouvelle vie avait été ponctuée par une série d'événements inattendus et dramatiques. Il avait à peine eu le temps d'examiner sa situation personnelle après avoir été emporté, impuissant, dans un courant turbulent de circonstance, par ce qu'il ne pouvait expliquer que par la fatalité. Pour la première fois, il avait perdu le contrôle de sa vie. Il était maintenant le moment de définir un plan. Ce n'était pas facile, il était seul, ce qui pouvait peut-être expliqué pourquoi il avait si facilement se laisser s’attaché à Emma.

Une heure plus tard il sortit sur la route sur Taweewong Road, où les décibels ont augmenté fortement ; un signe certain que les bars se préparait pour une autre nuit chaude. Il tourna sur Bangla Road, une rue décrit comme le cœur battant de la vie nocturne de Pa Tong par les guides touristique. La nuit avait tombée rapidement et des néons clignotaient partout. La route a été fermée à la circulation, la foule était encore éparse. Les filles de bars lui fit signe, d’autres se dandinaient à ses cotes en frôlant son bras de manière séduisante, avec des sourire éclatante et ravissant, montrant leurs dents blanches et parfaitement régulières.

Au-delà des bars, des étroites pistes de danse étaient déjà occupés par un certain nombre de mâles lascifs, y compris quelques sexagénaires. Les hommes étaient sans exception des Européens, affichaient des sourires débiles, dansant des slows avec les filles Thaïlandaise – venant des villages voisins et plus éloignés, plaqué contre leurs cavaliers. D’autres filles gogo dansaient sur le zingues au rythme effréné de la musique, se déhanchant, habillé en bikini très brèves d’un couleur bleu-blanc éblouissant sous l’éclairage fluorescent.

Il s’arrêta à Soi Vegas, il y avait un panneau éclairé indiquant Sala Muay Thai, une petite salle de boxe thaïe présentant des combats chaque soir. Barton poussait la porte et se dirigeait vers le bar où il commandait une bière. Le spectacle ne ressemblait pas au genre de soirée de boxe qu’il se souvenait du quartier de l’East End de Londres. Les boxeurs avait peu de cœur pour le combat et leurs gestes ressemblait de la musique thaïlandaise hypnotique qui faisait partie du show dans la petite salle même pas à moitié pleine.

Une jeune thaïlandaise est apparu à ses côtés, jolie, mais de toute évidence commerciale. Elle souriait et demanda son nom dans un anglais assez correct. Répondant au sourire, Barton esquiva la question en lui disant qu’il attendait un ami. Quelques instants plus tard il payait sa bière et quittait la salle.

Il poursuivra son périple de découvert; les bars étaient pour la plupart impossibles à distinguer les uns des autres comme l'étaient les filles habillés légèrement qui appelait Barton sans vergogne. Il s’arrêta à la Disco Tiger, un des multiples bars qui bordaient la route, l’un après l'autre. L’impression générale était d'une fête déchaînée, un parc d’attractions, le bruit de la musique et des voix accumulées montée en crescendo, presque assourdissant. Il y avait encore des gogo danseuses, et des pole danseuses, tournantes comme des girouettes devant les regards lascifs des buveurs de bières. Quelques clients feignais l’indifférence à l’égard des filles si légèrement vêtues, d’autres riaient bruyamment, criaient, transpiraient, agitaient leurs bras pour attirer l'attention, comme si les filles avaient besoin d’encouragements.

C’était déjà huit heures quand Barton quittait Bangla Road, un peu déçu à son manque d’enthousiasme, et retourna à Taweewong Road. Puis, évitant de justesse un deux filles dans les mini-jupes perchés sur une moto, il se dirigea dans la direction au sud où il espérait trouver un bar un peu plus calme. Au lieu de ça il se trouvait dans un marché de nuit où les marchands vendant toutes sortes de camelots touristiques imaginables: à partir de souvenirs ringards aux fripes, lunettes de soleil aux bijoux, et d’où la foule animée de badaud semblé se dirigé dans toutes les directions à la fois.

Il s’arrêta devant un étale pour regardait une présentation étonnant de montres, toutes des faux. Ce n’était pas surprenant il ne pouvait pas s’attendre à une vraie Rolex en or dans un marché de nuit en plein air. Malgré tous il était surpris par l’apparence de qualité. Puis en sélectionnant un Blancpain il la compare avec la sienne, à première vue, elles étaient identiques.

— Vous pensez l’acheter? dit une voix derrière lui.

Il reconnait l’accent, c'était Sophie, la française de La Boucherie, le restaurant où il avait mangé à midi.

— Non, mais les copies sont assez incroyables, tout ce que on peut imaginer.

— Et en plein jour.

— Pleine nuit.

Ils riaient.

— Un petite balade nocturne ? Il demandé.

— Oui, ma mère se sent un peu fatigué, ces derniers jours ont été très chargés, se lever tôt, les temples, les hôtels ....

— Je sais ce que vous dire, dit-il, toute en pensant à ce qu’il a vécu au cours des dernières semaines.

— Et vous?

— Même chose, une petite balade.

Ils continuèrent ensemble, puis s’arrêtait devant un marchand de baskets, encore une fois des faux.

— Voulez-vous quelque chose à boire? Dit-il pointant vers un petit bar donnant sur le trottoir.

— Pourquoi pas.

Ils prennent des couple de tabourets au bar et Barton commanda des boissons, puis il se tourna vers l’extérieur pour regarder le spectacle du soir, le va et viens des touristes et le marchandage dans le chahut générale du marché.

— Que faites-vous dans la vie ? demanda Barton.

— Je suis un architecte. Le design intérieur.

— Vous êtes indépendant ?

— Oui, non, pas exactement, je travaille beaucoup avec mon père qui est aussi architecte. Il a une firme d’architecture à Londres, Victoria Street, et j’ai un bureau là-bas.

— C’est drôle, j’ai grandi dans ce quartier.

— Vraiment, où?

— Pas très loin de la cathédrale de Westminster.

— C’est drôle, je suis allé à Grey Coat Hospital Girls School.

— Vous habitez à Westminster?

— Pas exactement, c’est un peu compliqué, mes parents sont divorcés et moi je vis à Biarritz.

— Je crois ce n’a pas loin de l’Espagne?

— Une vingtaine de kilomètres de la frontière et vingt de plus pour San Sebastian. La famille de ma mère est basque.

Barton ratissait son cerveau pour se rappeler quelque chose sur les Basques, qu’il avait vaguement assimilées avec l’IRA irlandais, se souvenant des alertes à la bombe qui l’a, plus d'une fois, retardé son vol vers, ou de retour, de l’Espagne.

— Espagnol ?

— Non, Basque.

— Ah, il acquiesçait un peu perdu.

— Il ya Basques en France et en Espagne.

— Je vois.

— Mon père est anglais, et sa famille est d’origine irlandaise, peut-être vous avez entendu parler de sa firme à Londres ? Michael Emerson et partenaires, ils ont conçu l’immeuble de la Banque de Dubaï.

— Emerson n’est pas très irlandais, déclara Barton.

— Peut-être, mais mon père venait de Dublin. Le nom de famille de ma mère est Ibarbour, c’est un nom basque.

— Donc, vous êtes Sophie Ibar ... dit-il tâtonner sur le nom.

— Ibarbour, répondait-t-elle en riant à ses difficultés avec le nom en se tordant sa langue. Non, je suis Sophie Emerson.

— Je suis désolé, dit-t-il sentant un peu idiot.

— Mais je vis une bonne partie du temps à Biarritz - près de ma mère, et avec ma sœur qui est un journaliste.

— Journaliste, dit Barton.

— Elle est spécialisé dans les questions de politique basques, elle écrit pour des journaux français et espagnol.

   Intéressant.

— Charlotte, mais elle préfère Maité, c’a une résonnance plus basque. Son vrai sujet est l’anthropologie … l’anthropologie sociale.

— Ah!

Encore une fois Barton a eu le sentiment qu’il avait vécu dans une bulle, à plus d’un titre, au cours de ces dix dernières années. Il se rappeler confusément que les anthropologues étudiaient les hommes préhistoriques, le chaînon manquant ou quelque choses comme ça ?

Sophie sentant son malaise avec les Basques changeait de sujet, et avec un sourire moqueur en douceur elle ajoute, j’ai aussi un appartement à Londres, Lower Sloane Street, il n’est pas très grand, mais c’est pratique, central et deux stations d’Underground de mon bureau. Et vous?

— Eh bien, dit-il en cherchant une réponse appropriée, moi, je suis dans les affaires.

— Oui, c’est ça, vous avez dit que vous est basé à Bangkok.

Barton réfléchissant rapidement se souvenait des paroles de son partenaire de squash à Bangkok, et rajoute, je suis dans les investissements, l’immobilier, les hôtels, ici en Thaïlande et au Cambodge.

— Donc, vous connaissait le Cambodge, c'est notre prochaine destination, après Bangkok.

— Non, pas vraiment, ca c’est mon partenaire, c’est lui qui s’occupe de la Cambodge, répondait-il en s’embourbant d’avantage.

— Et vos vacances ici?

— Quelques jours, un peu de repos, et puis voir les  changements après le tsunami.

— Bien sûr. Je suis désolé mais je ferais mieux que je retourne à l’hôtel, dit-elle en regardant sa montre, ma mère est seule.

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L'histoire continue

 

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